Des origines d’Oberroedern à la fin de la Grande Guerre en passant par l’Obergericht

De l’époque romaine à l’Obergericht

Aucun site romain n’a été mis à jour à Oberroedern pour le moment. Néanmoins, la découverte d’une pièce de monnaie romaine mentionnée dans un document de 1907 laisse supposer la présence romaine. Il est vraisemblable que la voie romaine reliant Hatten à Concordia (Altenstadt) explique cette découverte.

D’après la toponymie d’Oberroedern, la fondation du village semble remonter au XIè-XIIè siècle. « Rödern » qui vient de « roden » signifie déraciner. Il est plausible que les moines de Münchhausen aient défriché la région jusqu’à chez nous.

En 1452, le roi Guillaume de Hollande avait cédé à l’évêque de Spire de vastes domaines dans le nord de l’Alsace pour le remercier de son soutien pendant sa conquête du trône. C’est ainsi qu’Oberroedern, qui était dans le bailliage épiscopal de Lauterbourg, se retrouve dans l’évêché de Spire.

Résidence épiscopale construite en 1592 et restaurée en 1716, actuelle école élémentaire de Lauterbourg
Résidence épiscopale construite en 1592 et restaurée en 1716, actuelle école élémentaire de Lauterbourg

Durant cette époque Aschbach, Oberroedern et Stundwiller sont regroupés et forment l’Obergericht.

Après la Guerre de Trente Ans (1618-1648) la France prend pied en Alsace. Le bailliage de Lauterbourg dans lequel se trouve l’Obergericht, est intégré dans la nouvelle province d’Alsace en 1682. Malgré tout le prince évêque de Spire ne veut pas renoncer à ses droits ce qui complique la situation politique de l’Obergericht durant cette période.

Au XVIIIè siècle l’Obergericht est représenté et géré par le « Schultheiss » pour Oberroedern et deux « Anwald » pour Aschbach et Stundwiller nommés à vie. Ils ont pour missions de gérer les deniers municipaux et de s’assurer de la perception des redevances seigneuriales d’une part, et ils exercent un rôle judiciaire d’autre part. Il existe à l’époque une quinzaine de redevances seigneuriales et une moyenne de 3 affaires judiciaires par an (sauf en 1786-1787 où il y a eu 28 affaires). Les litiges concernent le plus souvent des réclamations de dettes (par les épiciers ou aubergistes par exemple), des bagarres, des affaires d’héritages ou des litiges avec l’administration.

A cette époque, le prince-évêque de Spire montre peu d’intérêt pour les terres situées aux confins de sa juridication. Ceci permet aux paysans de l’Obergericht de s’emparer des meilleures terres à un prix dérisoire. Dans un premier temps (au tout début du XVIIIè), les villageois ne payent qu’un faible acompte pour les obtenir. Bruchsal tentera de recouvrer ces terres en 1721, puis en 1756, mais en vain. En 1785 les sommes sont enfin payées contre une quittance en bonne et due forme pour éviter toute tracasserie.

La ville de Spire au XVIIe siècle, siège de l'évêché dont dépendait 
l'Obergericht.

La révolution et le premier Conseil Municipal

Dès 1787, suite à un esprit de réforme et de revendication de la population française, la réforme institutionnelle met en place les premiers conseils municipaux élus librement dans nos villages. Dans les petites communes comme Oberroedern, ces conseillers sont au nombre de trois. Cependant, seuls les habitants les plus aisés payant au moins trois livres d’imposition seigneuriale ont le droit de vote.

A Oberroedern, les 38 votants (pour 39 non votants) élisent Mathias Schenck (30 ans, laboureur) syndic (maire) et les trois membres du conseil sont : Antoine Bamberger (45 ans, laboureur), François Schenck (33 ans, cabaretier) et Bernard Philipps (50 ans maréchal-ferrant). La commune fait partie du canton de Soultz-sous-Forêts et de l’arrondissement de Wissembourg

Anecdote : Durant la révolution, Oberroedern est marqué par un mouvement contre-révolutionnaire. Le 1er avril 1798, les autorités en place décident de présenter un individu « à tête trouble » nommé « Staebel » comme maire pour marquer leur réprobation. L’affaire jugée très insultante par les autorités départementales est confiée à un commissaire qui suspend Jean Stumpf, maire de l’époque qui a assisté à la scène. Celui-ci sera finalement réintégré dans ses fonctions, les autorités ne lui trouvant aucun remplaçant.

Tout au long du XIXè siècle, les maires se sont heurtés à bien des difficultés tant de la part de leurs administrés que des autorités supérieures. Durant cette même période, de nombreux procès-verbaux attestent des difficultés financières de la commune. La pauvreté est la préoccupation principale de la commune. A chaque nouvelle dépense, la commune est obligée de recourir à des impositions exceptionnelles. Certaines décisions sont différées comme la rénovation de l’école et certaines créances sont réglées tardivement, comme les réparations de l’église (travaux exécutés en 1818 et payés en 1838). D’autre part, la commune est souvent sollicitée pour participer à des dépenses extérieures : ponts, chemins et autres. La commune ne les acceptera que lorsque la dépense sera jugée vitale pour les habitants ou lorsqu’elle y sera vraiment forcée.

L’économie d’Oberroedern est exclusivement agraire, le finage y est de 495 hectares. C’est relativement étendu comparé aux localités voisines. La commune a probablement bénéficié de celui du village disparu « Brücken » qui aurait existé dans la partie sud-ouest du ban, vers Leiterswiller.

Variétés de cultures pendant les années 1825-1850 et évolution de l'élevage

Au courant de la 2ème moitié du XIXè siècle, Laurent Ball rachète le moulin d’Oberroedern à la famille Kocher qui l’avait reconstruit en 1691 alors qu’il était en ruine. Le nouveau propriétaire lui donnera un nouvel essor en ajoutant un tournant à chanvre. Le meunier jouit d’un statut particulier à l’époque, les paysans en sont dépendants car ils sont obligés de lui apporter les grains à moudre pour recueillir la farine et le son.

Mais après une succession de crises agricoles liées aux conditions climatiques et à la maladie de la pomme de terre (1845-1846), les ressources ne suffiront plus à nourrir une population en forte croissance. Une croissance due à la forte natalité, aux progrès de l’agriculture et de l’élevage, au calme de la période et peut-être aux débuts de la vaccination. A cette période, vers 1840, des recruteurs traversent le pays et incitent au départ, faisant miroiter de meilleurs lendemains aux « Amériques ». C’est ainsi que plusieurs familles ont émigrés en Amérique ou en Algérie aux moments de la colonisation de celle-ci.

Evolution démographique 
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1871 1875 1880 1885 1890 1895 1900
Evolution démographique au cours du XIXè siècle

Fin du XIXè siècle : le village redevient allemand

Le 19 juillet 1870 le gouvernement de Napoléon II déclare la guerre à la Prusse. Le nord de l’Alsace est en première ligne. Les troupes prussiennes (40 000 à 60 000 hommes) s’arrêtent à Stundwiller, Oberroedern et Aschbach pour y bivouaquer avant de livrer bataille à Reichshoffen-Froeschwiller. Le 10 mai 1871, la France cède l’Alsace, la Meurthe et la Moselle à l’Allemagne dans le traité de Francfort. A partir du 18 juin 1871, tous les registres d’Oberroedern sont rédigés en allemand.

C’est également à cette période que la construction de l’école des filles (actuelle Maison d’assistance maternelle) sera enfin achevée. L’inspecteur primaire indiquait déjà dans un rapport de 1858 que l’école (qui se trouvait à la place de l’actuelle église) était trop petite pour les 110 élèves et l’administration voulait également imposer la séparation filles-garçons. Par manque de moyens, puis par récusation de l’autorité préfectorale pour l’achat d’une maison qui ne répondait pas aux conditions réglementaires, cette construction n’a commencé qu’en 1868 pour se terminer en 1870.

En 1885, le maréchal von Manteuffel, alors gouverneur impérial, est accueilli en grandes pompes à Oberroedern et Stundwiller. Les Alsaciens qui avaient toujours des sympathies françaises, appréciaient Manteuffel qui avait une attitude conciliante envers eux.

Uetteral v. mattteuffel.
Maréchal von Mateuffel

Le 3 août 1914, la guerre est déclarée par l’Allemagne à la France ; les jeunes d’Oberroedern sont mobilisés dans l’armée allemande. Plusieurs d’entre eux sont blessés et six sont tués sur le front russe. Leurs noms ont été gravés sur un vitrail de l’ancienne église de Stundwiller malheureusement détruite en janvier 1945.

Partie 2/4 : La préparation de la guerre avec la construction de la Ligne Maginot

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